QUINTO CAMINO
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ÊTRES POLAIRES

L´AMOUR COURTOISLE BAPTÊME DE FEUCAS DE POLARITÉS MARRIAGE PNEUMATIQUE


Êtres polaires

 

¡Danse, mon cœur !¡Danse de joie !
Les accords du cœur remplissent les nuits et les jours de musique,
Et le monde écoute ses mélodies
Fou de jouissance, vie et mort, dansent au rythme de cette musique,
Les monts, la mer et la terre dansent.
Le monde de l´homme danse en riant et en pleurant.
¿Pour quoi s´habiller avec l´habit du moine et vivre écarté du monde, en orgueilleuse solitude ?


Kabir

*

*       *

L´AMOUR COURTOIS

Tous les hommes extérieurs, comme ceux qui ont atteint aux niveaux 5, 6 et 7, seront tôt ou tard appelés à quitter leur corps physiques.
Le salut vient avec la deuxième Naissance, lorsque la Personnalité, entièrement développée et née, se joint indissolublement au Moi réel pour forer une individualité. Une foi née, l'individualité ne dépend plus du corps physique.
Cet Amour absolu est accessible à l'âme humaine même ici-bas. Toutefois, ni l'homme, ni la femme ne peuvent y parvenir séparément. Il n'est accessible qu'à un couple et à condition d'une réintégration consciente et totale de l'un et de l'autre en un seul Etre par une synthèse du Moi et du Toi réels ayant la force de rompre l'écorce de leurs Personnalités respectives. Pratiquement, cela ne peut advenir que lorsque les deux Personnalités se trouvent déjà avancées, riches de l'expérience qu'elles ont séparément acquise dans la vie extérieure.
S'il est certain que l'état de Béatitude ne peut être valablement décrit dans le langage humain, la Tradition insiste sur le fait que, malgré d'immenses difficultés, il est possible d'y atteindre. Dans ce but, la science ésotérique a élaboré toute une technique d'exercices.
L'amour humain est imparfait parce qu'il est instinctif et impulsif. Et tant que l'homme se laisse aller mécaniquement à ses impulsions, son amour ne servira que les buts cosmiques de l'ensemble. Il en retirera toutefois, comme élément d'équilibre et comme récompense, le plaisir qu'il lui donne; mais tel quel, il ne servira en rien à son évolution ésotérique. Et pourtant l'Amour est le moyen le plus sûr et le plus puissant pour achever cette évolution. C'est parce que l'Amour est l'unique élément objectif de notre vie. Cela est vrai dans toute la multiplicité de ses aspects et dans toute la variété de ses manifestations.
                          
L'Amour peut en effet, servir à l'homme dans son évolution ésotérique. Pour cela, celui-ci doit cependant appliquer à cet amour des efforts conscients et ne pas se laisser entraîner par des impulsions. Dans ce cas, l'apport de puissance que donne l'Amour ne sera pas immédiatement dépensé pour servir des buts généraux, mais demeurera la possession de l'homme. Il pourra alors être utilisé pour accélérer la croissance de sa Personnalité et faire progresser celle-ci vers la deuxième Naissance, premier résultat tangible des pratiques ésotériques.
Telle est la théorie du travail monastique qui s'applique essentiellement au centre sexuel dont on cherche à maîtriser les impulsions par des exercices. Sans entrer dans l'examen des avantages et des inconvénients de cette méthode, il faut dire que dans l'Ere nouvelle le travail ésotérique sort des cryptes et des monastères. Désormais il doit se poursuivre dans la vie, dans le champ même d'activité de la société humaine. La tâche est certes plus difficile car on n'y est pas, comme dans un monastère, protégé, placé à l'abri de la plus grande partie des influences «A». En revanche, la vie offre des moyens plus efficaces et conduit à des résultats moins fragiles; la pratique ésotérique dans la vie permet, outre une simple maîtrise du centre sexuel, de mieux cultiver les manifestations de l'amour par les centres émotif et intellectuel, et de faire ainsi jaillir l'esprit créateur sous ses différentes formes. Cette culture d'un ordre supérieur aura pour but de centrer les efforts créateurs vers le même point d'application qui est le développement intégral de la Personnalité, la deuxième Naissance, la cristallisation du corps astral, sa jonction avec le Moi réel pour parvenir à la formation d'une individualité.
Ce travail, s'il se fait à deux, homme et femme, peut se développer avec une puissance extraordinaire et donner des résultats rapides. A condition toutefois qu'au point de vue ésotérique ces deux êtres se conviennent intégralement. Que ce soit un couple parfait, c'est-à- dire que leur ensemble reflète, sous réserve bien entendu des particularités de leur type humain, le rapport entre le Moi et le Toi absolus antérieur à la Création de l'Univers. C'est le cas des êtres qu'on appelle dans la science ésotérique des êtres polaires.
Si la solitude des êtres polaires, désunis par la chute, conséquence directe de leur identification avec le Moi de la Personnalité, est la source de la faiblesse des humains devenus mortels, le retour de l'Unité apparaît comme une source inépuisable d'énergies nouvelles.
Energies nécessaires à l'homme et qu'il doit rechercher pour tenter de rétablir l'équilibre dangereusement rompu de la vie publique et privée d'aujourd'hui.
Ce retour à l'unité parfaite des êtres polaires ne se fait cependant pas gratuitement. Il est l'apanage de ceux qui ont franchi ou sont prêt à franchir le deuxième Seuil de la Voie. C'est dans la réalisation d'une unité totale indissoluble de leur Moi réel par deux Individualités polaires parvenues à la deuxième Naissance que peut et doit être racheté le péché originel.
C'est la solution du problème de la vie privée et, en même temps, de celui de la vie publique. Et c'est la paix du Seigneur.
Qu'est le Moi réel, Ame de notre âme, noyau de l'individualité, si ce n'est une étincelle divine, parcelle du corps du Christ ?


“GNOSIS” TOME I BORIS MOURAVIEFF

Dans la Tradition orthodoxe on enseigne qu'il existe un livre : Le Livre d'Or. Les maximes et les textes qui y figurent sont révélées aux disciples au fur et à mesure de leur progrès sur la Voie. Ces fragments leur sont lus une seule fois. Cependant le disciple doit les retenir mot à mot et les apprendre par cœur.
Ce livre n'est pas un Livre des Morts; c'est le Livre des Vivants.
Voici ce qui est inscrit dans ce livre au sujet de la question qui nous préoccupe :
Vivre veut dire aimer;
Celui qui n'aime pas, ne vit point.
Il mène une existence lugubre
dont le seul sens consiste dans l'espoir d'aimer.

La suite de ce texte vise les êtres polaires. Elle a déjà été commentée sans pour autant être divulguée et nous reviendrons sur ce sujet plus loin. Ce principe, qui confirme avec force le distique de Lermontov, était déjà énoncé par saint Paul il y a bientôt deux mille ans : le but de la vie est d'atteindre l'Amour. Atteindre l'Amour, c'est en effet atteindre la Lumière, atteindre l'Esprit, enfin atteindre Dieu.
Car :
Dieu est Amour
Dieu est Lumière,
Dieu est Esprit.
Et, dit saint Jean :
L'Amour est de Dieu... et
Celui qui n'aime pas, n'a pas connu Dieu

Quant au Moi de la Personnalité, il constitue pour ainsi dire le grand point d'interrogation de notre vie, placé entre les deux autres Moi. La Personnalité peut périr, si elle s'identifie au Moi du corps; elle peut gagner la vie éternelle, en s'identifiant au Moi réel.
Tout dépend de l'attitude que l'homme adopte vis-à-vis de lui-même et de sa vie : bâtir d'emblée sur le sable, ou bien creuser d'abord jusqu'au roc. En fait, la Personnalité humaine est un talent, un prêt divin, merveilleux, accordé à l'homme pour qu'il le fasse germer par le Travail et non pour qu'il l'enfouisse dans la terre, s'affirmant ainsi dans le Temporel illusoire qu'il prend obstinément pour le réel, malgré l'évidence du contraire, confirmée par la mort.
Cette idée, ou plutôt ce fait, d'une existence prêtée, avec la faculté de la rendre permanente par le Travail doit demeurer présent à l'esprit de celui qui aspire à atteindre la Voie, la Vérité et la Vie. Et il ne doit pas oublier un instant cette maxime inscrite dans le Livre d'Or : Celui qui ne développe pas son talent, le perd.
Nous avons dit — et nous y reviendrons plus d'une fois — que l'Amour, comme la personnalité elle-même, est aussi un talent divin prêté à l'homme. Tout le monde clame : j'aime, tu aimes, il aime, etc. Mais avant tout, il faut se rendre compte de ce qui, dans cette assertion, peut être objectivement vrai. Tel est le problème. Or, la nature de l'Amour ne se prête pas à une définition précise, en langage scientifique. Mais nous pouvons en juger d'après ses manifestations connues. Une description objective et complète en est donnée par l'Apôtre saint Paul :
L'amour est patient, il est plein de bonté; l'amour n'est pas envieux; l'amour ne se vante point, il ne s'enfle point d'orgueil; il ne fait rien de malhonnête; il ne cherche point son intérêt, il ne s'irrite point, il ne soupçonne point le mal, il ne se réjouit point de l'injustice, mais il se réjouit de la vérité; il excuse tout, il croit tout, il espère tout, il supporte tout.

Cependant, pour connaître l'Amour en soi, il faut l'éprouver, le vivre. Et on ne peut le ressentir autrement qu'en confluant avec Lui. Il ne faut pourtant pas perdre de vue cette réalité : l'Amour étant d'essence divine est investi dans ses manifestations d'un pouvoir absolu. Il en résulte que l'on ne peut ordonner d'aimer, pas plus qu'on ne peut interdire d'aimer.
Le degré d'Amour permettant l'acquisition des dons spirituels — ce que nous avons appelé : acquisition de facultés nouvelles — est l'apanage de l'homme 5, passé par la deuxième Naissance, autrement dit, de l'Individualité née, ayant acquis la conscience du Moi réel dans sa sublime manifestation androgyne. . C'est le fruit de l'Amour, de la Grâce divine accordée à celui qui travaille dans le champ du Seigneur, c'est-à-dire travaille ésotériquement.

Cependant, l'Amour demeure toujours le But de la vie, même pour celui qui, selon l'expression de l'Apôtre, ignore, celui qui ne participe pas à ce Travail. Mieux encore, l'Amour est le But de la vie sur toute la grande échelle des cosmos, jusqu'aux organismes les plus primitifs.
En ce qui concerne les humains, trois niveaux caractéristiques apparaissent. Tout ce qui vit — nous l'avons vu — vit par l'Amour et aspire à l'Amour. Et l'Amour, changeant d'aspect, se manifeste sur toute une échelle de valeurs. Il est cependant important de comprendre que cette échelle de valeurs correspond à celle des divers niveaux de la Conscience. Et que, dans le cas de l'Amour, comme dans celui de la Conscience, l'acquisition du niveau supérieur n'exclut ni n'anéantit de ce fait le niveau inférieur, dépassé. Toutefois, et c'est ce qu'il importe de retenir, il le transforme.
On parle souvent de la sublimation du sexe, qui survint avec le passage aux niveaux supérieurs de la Conscience. En fait, cette sublimation se produit sans discontinuité sur toute la Grande Echelle d'évolution des êtres vivants.
L'accès à la Voie proprement dite exige un travail assidu, prévu en quatre étapes. C'est un Escalier de quatre « marches » dont la dernière est l'Amour, niveau que l'homme psychique doit atteindre pour se présenter devant le deuxième Seuil et le franchir. Nous avons indiqué les vertus traditionnelles correspondant à ces quatre étapes –marches : Foi-Espérance-Connaissance (Gnose), enfin Amour. Cette succession représente un programme de travail dont l'exécution dépend d'une suite d'efforts consécutifs, souvent de sur-efforts de la part du fidèle, dans le cadre d'une des quatre Voies correspondant au type psychique du néophyte.
Nous avons aussi mentionné, et déjà sérieusement examiné dans le second volume, la cinquième Voie, qui offre la possibilité d'atteindre rapidement et de franchir triomphalement le deuxième Seuil. L'utilisation de cette voie est réservée aux deux êtres polaires unis dans un effort conjugué et conscient. C'est là, comme nous l'avons dit, la voie du Chevalier et de la Dame de ses Pensées.
L'essentiel est de comprendre que celui qui s'engage sur l’Escalier, en suivant l'une des quatre voies, a devant lui une double tâche : l'acquisition de la Gnose, pour atteindre l'Amour, et, parallèlement, la liquidation de la tare karmique accumulée dans les films précédents ainsi que dans le film actuel. Ce travail doit être fait avec toute la Foi et toute l'Espérance pour parvenir au résultat durant cette vie si possible, sinon au cours du ou des films à venir. La tâche est vaste et toujours pénible; mais le risque est relativement limité, car les exigences sont atténuées en regard de celles de la cinquième voie. La raison en est qu'elle est très rapide, davantage que la quatrième et dans la même mesure que cette dernière l'est par rapport aux trois premières. La rapidité de la cinquième voie est la conséquence logique du fait qu'on la parcourt en quelque sorte en sens inverse. Car en suivant les quatre premières voies, la reconnaissance mutuelle des êtres polaires ne se produit qu'après le deuxième Seuil, alors que dans le cas de la cinquième, elle s'opère intuitivement avant le deuxième Seuil et même avant le premier Seuil, pour l'un des partenaires et parfois pour les deux.
Cela s'explique par le fait que la tare karmique ne présente jamais un tout amorphe, mais résulte d'un certain nombre de composantes, positives et négatives, chacune sur un plan approprié et qui, dans leur ensemble, forment ce que l'on appelle le Karma individuel. Les êtres polaires peuvent se reconnaître même avant le premier Seuil, comme nous venons de le dire : car, sous l'angle de leur attitude profonde vis-à-vis de l'Amour, leur tare karmique peut être nulle ou insignifiante. Autrement dit, ils vivent avec, en eux, reconnue, formulée ou non, une aspiration profonde vers l'Amour vrai et l'incapacité de réussir à se mentir en ce domaine.
Cette disposition intérieure place d'emblée les êtres polaires sur la quatrième marche de l'Escalier, mais avec la nécessité de liquider rapidement leur tare karmique sur les autres plans de la conscience humaine. Cette tare peut être légère, moyenne ou lourde, mais elle est différente chez les deux être polaires qui forment un couple.
La reconnaissance mutuelle des êtres polaires, avant le deuxième et même avant le premier Seuil, présuppose qu'ils ont déjà acquis le minimum exigible de Foi et d'Espérance. Placés comme ils le sont sur la marche de l'Amour, la Foi et l'Espérance déjà obtenues dans une large mesure, il ne leur reste plus, pour accéder au deuxième Seuil, qu'à les cultiver pour acquérir la Gnose et à liquider le reste de leur Karma.
La méthode qui leur est appliquée est quelque peu spéciale; elle est propre à leur cas qui constitue une exception. On dit dans le langage imagé de la Tradition que cette méthode consiste à : Vider les sacs du Karma en le repoussant par la Gnose. Telle est la règle impérative qui leur est donnée. Le lecteur qui s'engage sur la cinquième voie doit retenir cette maxime et méditer sur sa signification profonde.
Cependant, l'opération n'est pas aisée. Des efforts et des sur-efforts sont exigés pourvu qu'elle s'achève suffisamment vite. Car il n'est pas possible de demeurer indéfiniment sur la quatrième marche. Ainsi que nous l'avons indiqué, les marches de l'Escalier sont faites de telle sorte qu'elles portent l'aspirant seulement pendant un certain temps, après quoi elles s'effondrent.

 

Telles sont les données du problème qui se pose aux deux êtres polaires, lorsqu'un jour ils se rencontrent et que, par un mouvement intérieur indescriptible, ils éprouvent spontanément le sentiment objectif et absolu qu'à eux deux, ils ne forment en fait qu'un seul être.
Cette prise de conscience androgyne est merveilleuse. Sous le régime du roman libre, les partenaires ne songent sérieusement à rien en dehors de leur désir de s'unir et ils subordonnent tout à ce désir impératif, intensifié par la volonté de l'Absolu III. De sorte que lorsque l'un d'entre eux, ou les deux, se trouvent au moment de leur rencontre déjà liés par ailleurs, ils passent outre.
 Outre les mensonges à autrui, on commence alors à se mentir à soi même. Or, l'Amour est l'expression divine de la Vérité : l'introduction du mensonge ruine le bonheur des amants. L'Amour leur accorde un certain crédit; mais ce crédit est à court terme.
Si les amants ne souscrivent pas aux conditions, souverainement exigées par l'Amour, même si le couple est constitué par des êtres réellement polaires, le crédit étant épuisé, l'Amour disparaît.
Dans la grande majorité des cas, les êtres polaires passent l'un devant l'autre sans se reconnaître. Si les êtres polaires se sont reconnus, les justes mis à part, ils ont en général, au moment de leur rencontre, bras et mains liés par le karma ancien et nouveau, le karma antérieur et le karma trop souvent postérieur à leur rencontre.
— Mais comment puis-je être sûr que c'est vraiment la Dame de mes Pensées ? Celle à laquelle j'aspire et que je recherche sur toutes les routes, sur tous les sentiers de ma Voie ? Aurai-je la force de vaincre le doute et de croire au bonheur parfait, permanent que n'effaceront pas les illusions dissipées ? Ici, nous revenons au texte du Livre d'Or, cité partiellement plus haut. En voici la suite :

Tout homme naît portant en lui l'image de. son être polaire.
A mesure qu'il grandit, cette image croît en lui;
Elle prend corps, s'emplit de vie et de couleurs.
L'homme n'en est pas conscient. Cependant, c'est son Alter Ego,
La Dame de. ses Pensées, sa Princesse-Vision.
A sa recherche, il est voué pour toujours.
En Elle seule, il trouvera une résonance parfaite de lui-même;
Des mouvements les plus intimes, inexprimables de son âme,
Car, dans leur union, la limite s'efface entre le Moi et le Toi.
Puisque c'est son Unique, son Epouse légitime.
Et le Silence sera alors le dépositaire de la plénitude de leur Amour.

LE BAPTÊME DE FEU

Le Baptême de Feu, ultime épreuve de purification, est donné avant le deuxième Seuil précédant la deuxième Naissance.  Le Baptême de Feu a un double sens : épreuve morale et effet objectif.Les deux amants, conscients de leur polarité présumée intégrale, sont appelés à renoncerd'emblée, d'un commun accord pris en pleine conscience, à l'amour charnel, tout en cultivantle feu sacré de leur Amour qui prend l'aspect de l'amour courtois. Ils se mettent ainsi enharmonie avec les lois qui régissent la vie sexuelle dans la deuxième octave cosmique. D'autrepart, le feu sacré de cet Amour brûlera progressivement leur tare karmique. Ainsi, dit laTradition, les figures étrangères au film sortiront d'elles-mêmes du jeu.
Les circonstances changeront, les obstacles tomberont. Passés par cette épreuve de Feu, les deux amants se présenteront devant le deuxième Seuil purifiés, aptes à recevoir le Baptême de Feu. Pour s'unir à jamais, par l'acte de la deuxième Naissance, naissance de leur Individualité, dans la conscience permanente de leur unité intégrale et indissoluble. Pour cela, il faut soutenir l'épreuve. C'est dur, mais l'enjeu est grand.

Peut-être, après avoir ainsi repoussé la main divine tendue vers eux pour les unir à jamais dans la Lumière — les années écoulées — regretteront-ils amèrement leur faiblesse qu'ils prenaient alors pour de la force de caractère.
C'est pourquoi il est écrit :
... Tu es malheureux, misérable, pauvre, aveugle et nu. Je te conseille d'acheter de moi de l'or éprouvé par le feu, afin que tu deviennes riche; et des vêtements blancs, afin que tu sois vêtu et que la honte de ta nudité ne paraisse pas; et un collyre pour oindre tes yeux, afin que tu voies. Moi, je reprends et je châtie tous ceux que j'aime. Aie donc du zèle, et repens-toi.
Voici, je me tiens à la porte, et je frappe. Si quelqu'un entend ma voix et ouvre la porte, j'entrerai chez lui, et je souperai avec lui et lui avec moi. Celui qui vaincra, je le ferai asseoir avec moi sur mon trône, comme moi, j'ai vaincu, et me suis assis avec mon Père sur son trône. Que celui qui a des oreilles entende ce que l'Esprit dit aux Eglises.
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La question est de savoir ce qu'il y a à entendre. Le Christ nous offre son Or pur contre paiement en notre fausse monnaie qu'il brûle dansle feu. Autrement dit :
L'ETERNEL contre le TEMPOREL

 

GNOSIS TOME II BORIS MOURAVIEFF

CAS DE POLARITÉS

Si les êtres humains n'étaient pas aussi hétérogènes dans leur substance, autrement dit dans leur Personnalité, ils pourraient sans difficulté reconnaître leur être polaire, que chacun rencontre immanquablement au moins une fois dans sa vie; mais leur cœur étant devenu insensible, ils passent généralement à côté de lui sans soupçonner son identité.
Reprenons notre calcul des polarités partielles possibles de l'homme à la femme et vice-versa. Nous avons vu que pour le centre moteur, nous arrivions à soixante-six cas239 en partant desdouze secteurs des deux centres moteurs d'un couple, secteurs dont chacun est susceptible,comme tel, de devenir l'organe de manifestation de l'énergie SI 12 du centre sexuel entrant enaction. Ces soixante-six cas représentent les possibilités de liaisons en quelque sorte « légitimes». Celles qui se nouent en dehors d'eux relèvent, pour les deux sexes, du vaste domainedes « considérations » et de la prostitution.
Quatre cas, entre ces soixante-six qui, considérés globalement, expriment la diversité possible de l'Amour purement charnel, propre au Moi du corps qui est essentiellement polygame ou polyandre, se distinguent des autres par leur nature et, en tant que cas distincts, ne se rangent plus parmi eux mais s'y ajoutent, portant ainsi leur nombre à soixante-dix.
Il s'agit, en premier lieu, de trois cas dans lesquels l'un des trois centres de la Personnalité est engagé tout entier, de trois cas, par conséquent, où l'amour hylique se double de l'amour psychique et qui, dès lors, ne représentent plus seulement trois possibilités de maîtresses ou d'amants « légitimes », mais trois possibilités de conjoints admis par l'Eglise orthodoxe en cas de veuvage ou de divorce prononcé dans les formes prescrites; et si elle s'est arrêtée à ce chiffre, c'est parce que, précisément, les possibilités naturelles de polarité psychique ne vont par au-delà.

Les signes distinctifs de ces trois cas de polarité psychique qui peuvent donner lieu à trois unions canoniquement et ésotériquement légitimes — mais n'engageant cependant le couple que pour la vie terrestre de la psyché — sont les suivants :
I. Lorsque la polarité des centres moteurs est complète, l'attraction que l'homme et la femme éprouvent l'un pour l'autre a pour centre de gravité le toucher, qui l'emporte sur les autres impressions sensorielles : il y a alors dans l'acte d'amour charnel confluence profonde, jusqu'à la perte de conscience momentanée des fonctions intellectuelles et émotives.
II. Lorsque la polarité des centres intellectuels est complète, l'attraction est d'un autre ordre : elle est visuelle chez la femme et auditive chez l'homme. Ces cas étaient relativement rares dans les siècles révolus, mais ils se multiplient de nos jours en même temps que s'égalise entre les deux sexes la formation intellectuelle.
III. Lorsque la polarité des centres émotifs est complète, l'attraction est au contraire visuelle chez l'homme et auditive chez la femme. Bien entendu, ces signes distinctifs n'existent intégralement que dans le cas où, théoriquement, il n'y a pas mélange des fonctions des centres, autrement dit lorsque aucun centre ne s'ingère dans le domaine qui relève de la compétence des autres; il faut aussi que l'énergie
sexuelle n'ait pas été usurpée auparavant par un ou deux des trois centres et se soit par conséquent déversée de manière égale sur tous, de façon à les orienter ensemble, chacun dans son rôle, vers l'acte d'amour charnel.
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Le quatrième cas des cas distincts mentionnés plus haut — et le soixante-dixième du nombre total — est celui des êtres réellement polaires240. Là, le Moi réel est engagé, et l'Amour du couple, tout en continuant à renfermer toutes les possibilités des cas précédemment décrits dans toutes leurs nuances, indiquées ou passées sous silence, revêt de ce fait un caractère particulièrement émotif, d'ordre supérieur. Il s'ensuit naturellement que l'Amour, étant tout ensemble hylique, psychique et spirituel, et déterminant ainsi une attraction visuelle, auditive et tactile, est alors incomparablement plus riche.

 Il est intéressant de noter, à cet égard, que dans le Récit des Temps révolus, chronique russe, Nestor signale qu'en l'an 989, un Iman qui avait été appelé à la Cour du Grand-Prince Vladimir, désireux d'entendre exposer les principaux dogmes de la religion islamique, lui dit : « ... Mahomet enseigne qu'il faut pratiquer la circoncision, ne pas manger de porc et ne pas boire de vin. Mais après la mort, il donnera en compensation à chacun soixante-dix belles filles, et, lorsque l'une d'elles aura été choisie entre les autres, il (Mahomet) réunira en elle la beauté de toutes et elle deviendra l'épouse de celui qui l'aura choisie » (RDTR, Ed. Académie des Sciences, Moscou-Leningrad, 1950, en 2 vol., t. I, p. 59). C'est nous qui soulignons.

La grande caractéristique de ce cas dit Royal consiste en ce que la bipolarité du Moi réel — un pour le couple — oriente aussi bien leurs Personnalités que leurs corps, de sorte que ce à quoi l'un aspire et attend de l'autre est précisément, et tout naturellement, ce que l'autre désire et s'apprête à lui offrir.
C'est seulement dans un cas de ce genre que la concorde entre époux peut devenir absolue, à condition toutefois que soient poursuivies de part et d'autre la liquidation progressive des tares karmiques et la réalisation de l'équilibre entre les centres inférieurs — le développement de ceux-ci étant poussé jusqu'à la limite — objectifs qui, ensemble, constituent la fin à laquelle tend le travail du couple prétendument polaire qui s'engage sur la cinquième voie. Dès le début, par conséquent, cette dernière requiert du Chevalier et de sa Dame élue la pratique de l'Amour courtois, qui réunit en lui la Foi, l'Espérance et la Connaissance (Gnose). Au-delà du Deuxième Seuil, elle comprend l'acquisition de propriétés nouvelles, et, cette tâche étant accomplie, atteint son terme dans la note MI de la Voie.


“GNOSIS” TOME III BORIS MOURAVIEFF

MARRIAGE PNEUMATIQUE

La transmutation des Hydrogènes selon cette première octave peut se poursuivre au-delà du SI 12, et cela de deux manières : ordinaire et extraordinaire. La transmutation directe, ordinaire, du SI 12 en DO 6 se produit de façon naturelle par l'acte sexuel normal, qui comble l'intervalle entre ces deux notes. Lorsque l'acte atteint son but, la transmutation trouve sa consécration dans la conception, où le SI 12 mâle et le SI 12 femelle, unis dans l'orgasme génésique, engendrent dans le DO 6 une vie nouvelle et autonome d'embryon, lequel suit son propre chemin et se développe selon une gamme descendante.
Dans le cas de la transmutation extraordinaire, toute l'abondance de l'énergie SI 12, qui pour prix du plaisir que procure l'Amour charnel est rejetée hors de l'organisme, peut alors être accumulée dans ce dernier et subir une transmutation interne. Cette transmutation extraordinaire est indirecte et ne se produit pas de manière naturelle, instinctive, comme dans le cas de la conception : elle ne peut être que le résultat d'efforts conscients de la part de ceux qui poursuivent leur progression sur l'Escalier et qui ont atteint la troisième marche. Nous reviendrons sur ce problème important plus en détail vers la fin du présent volume; pour l'instant, nous laisserons de côté la question du « comment » et nous nous bornerons à indiquer la technique alchimique du processus.
Ce second mode de transmutation, de même que le premier, comporte trois stades qui peuvent être considérés, par analogie, comme les fiançailles, le mariage et la conception; nous nous trouvons toujours, en effet, en présence de l'Amour, mais agissant dans ce cas sur le plan supérieur de l'Amour Courtois qui unit le Chevalier et la Dame de ses pensées.
Au cours du premier stade de cet Amour, l'énergie SI 12, au lieu d'être rejetée par l'homme et la femme hors de leurs organismes physiques et psychiques, y est conservée par le moyen de son association, pour ainsi dire latérale et qui se fait de part et d'autre, avec le SOL 12, cinquième note de l'octave de respiration.
L'heureux aboutissement de ce processus, qui est ressenti comme une attraction sexuelle irrésistible mais d'un ordre supérieur, psychique, fait que l'énergie fraîche du SI 12, s'unissant synchroniquement dans les deux organismes avec le SOL 12, communique à celui-ci une impulsion nouvelle : le couple se sent envahi par une vague d'inspiration élevée qui lui ouvre des perspectives surprenantes.
Sauf cas rarissimes, cet état d'inspiration supérieure ne se produit chez le couple du Chevalier et de sa Dame qu'après une pratique plus ou moins longue de l'Amour courtois, seul capable de provoquer cette impulsion nouvelle venant du SI 12 tourné vers leur intérieur. C'est parce que le SOL 12, étant déjà la cinquième note de la gamme de respiration, la perte de charge à cette distance, dans l'état « déchu » où se trouve le couple est telle que, pratiquement, il ne résonne presque plus. Mais sous l'effet de cette impulsion énergique venant du SI 12, il s'éveille chez l'un et l'autre et, dans une union psychique, d'une force à nulle autre pareille et annonciatrice de la conscience androgyne, le Chevalier et sa Dame atteignent le stade des fiançailles mystiques et reçoivent, par l'intermédiaire du Centre émotif supérieur, la bénédiction venant d'en Haut.
Si, dans l'Amour courtois ainsi pratiqué, le couple atteint le degré voulu de tension émotive, le SOL 12, éveillé par la force du SI 12, communique à son tour un afflux d'énergie au MI 12, troisième note de l'octave d'impressions. On comprendra, compte tenu des courants épi cycliques, quelle puissance prendra alors cet Hydrogène 12 triple, venant des deux sexes et réunissant en lui les SI 12, les SOL 12 et les MI 12, tous les trois vibrant à plein de part et d'autre. Le déroulement réussi de ce processus peut provoquer un état où les énergies masculines et féminines venant du SI 12, assisté chez l'homme et chez la femme par deux autres Hydrogènes 12, s'unissent dans une extase — dans la conscience de leur Moi réel bipolaire qui est UN et indivisible pour les deux éléments du couple.
Le mariage psychique, couronnement de l'Amour courtois, se trouve ainsi consommé : désormais, le Chevalier et sa Dame seront à jamais soudés l'un à l'autre dans leur conscience androgyne, quelles que soient les circonstances extérieures et en dépit de la mort. C'est le premier résultat tangible obtenu sur la Cinquième Voie par un effort conscient et soutenu de sublimation du sexe.
IL convient de dire ici que la sublimation du sexe n'est pas un but en soi, mais un moyen. Elle comprend quatre degrés, dont les trois qui suivent l'extase du mariage mystique se présentent en ordre inverse de celui dans lequel l'Amour courtois a conduit le couple à la conscience androgyne. C'est ainsi que le deuxième est le passage synergique et synchronique, chez l'homme et chez la femme, du MI 12 au FA 6, passage qui s'opère instantanément et a un effet analogue à la conception. Le troisième degré est le passage du SOL 12 au LA 6, qui se fait progressivement et demande du temps : on peut l'assimiler par analogie à la grossesse; enfin, si rien ne vient arrêter le processus, le couple parvient, au quatrième degré, au passage simultané du SI 12 au DO 6 : c'est la Naissance, la Troisième Naissance, qui avec le franchissement du Troisième Seuil ouvre au Chevalier et à la Dame de ses pensées le chemin qui les conduira vers l'empyrée du Plérôme.
On comprendra mieux à présent, quelle erreur c'est, pour l'homme et la femme adamiques évolués, parvenus à la troisième Marche de l'Escalier et qui s'engagent sur la quatrième, celle de l'Amour, de continuer à rejeter pour un plaisir éphémère l'énergie SI 12 hors de leur organisme alors que son accumulation, sa maîtrise et son orientation judicieuse vers l'acte d'Amour courtois peuvent leur ouvrir la porte du Paradis perdu.

Pour une meilleure compréhension voir la transmutation des hydrogènes dans le chapitre XIV du tome III

extraIt de GNOSIS III

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